Les guerres menées au nom de Dieu s’étendent de l’année 1096 à 1291, soit la seconde moitié du Moyen-Age, et opposent les Croisés aux Musulmans. Amin Maalouf nous montre dans son livre un visage différent des ces supposées guerres saintes. C’est en quelque sorte l’histoire « à l’envers ». L’auteur écrit avec plus ou moins d’objectivité l’histoire des croisades du point de vue des musulmans. Pour ce faire, il reprend les écrits d’historiens arabes de l’époque, comme Ibn al-Athir, historien kurde sunnite né en 1160, chroniqueur arabo-musulman des croisades dont il fut témoin. Ce livre nous propose ainsi un moyen moins scolaire et plus intéressant de redécouvrir des événements historiques, comme une sorte de second témoignage sur la réalité de ces moments. Réalité que les Arabes ont vécue comme un véritable viol.
En effet, les Francs, mieux préparés et mieux équipés, vainquent sans difficulté majeure les musulmans, fragilisés par leurs querelles fratricides. Dans ces affrontements, les armures des assaillants jouent un rôle décisif dans l’avancée de l’armée franque sur Jérusalem ; les pays les moins engagés dans le Jihad - qui invite les musulmans à combattre afin de s’améliorer ou d’améliorer la société - capituleront même sans la moindre résistance. Il est à noter que la barbarie des Francs n’a aucune limite, n’épargnant ni musulmans, ni juifs, ni même chrétiens orientaux résidant dans les cités alors assiégées. C’est ce que montre par exemple l’épisode du soldat franc blessé : celui-ci, blessé grièvement à la jambe, se voit administrer par un médecin arabe des remèdes naturels, mais les autres Francs ne sont pas de cet avis : lui couper la jambe, voilà la solution ! Si les Francs sont barbares, ce n’est pas par méchanceté mais plutôt par ignorance ; ils refusent de reconnaître l’avance de la civilisation arabe, prenant leur civilisation pour la meilleure.
Le livre d’Amin Maalouf donne à réfléchir sur la véritable nature des croisades : plus qu’une guerre de religion, ne seraient-elles pas un moyen pour un pays d’affirmer sa supériorité et d’imposer son modèle aux autres ?
Aujourd’hui, les traces de ce traumatisme sont encore visibles. Peut-être pouvons-nous aller jusqu’à supposer que les racines des conflits actuels du Moyen-Orient datent de cette époque des croisades. Récemment, d’ailleurs, Georges Bush n’a-t-il pas même réhabilité le terme de croisade pour définir ce qu’il appelait la « libération de l’Irak » ?
Frédéric B.
Djamel B.
Lycée Saint-Charles, Marseille
FRANCE